Moulay Ahmed Serghini fait figure de pionnier dans cette action rénovatrice qui témoigne d'un rajeunissement des méthodes ancestrales tout autant que d'un attachement à la tradition.

Appartenant à une famille de maîtres-céramistes au sein de laquelle le travail de l'argile était un devoir dont on héritait.

Tout jeune, il fût attiré par l'atelier familial qu'il commença à fréquenter de temps à autre au lieu d'aller en classe. Il ne tarda pas d'ailleurs à quitter définitivement le lycée en dépit, de la désapprobation des siens.

Après de vives contreveres, son père finit pourtant par céder devant tant de détermination, tant de passion, signes d'une véritable vocation.

A ses débuts, on lui confia des besognes secondaires et ingrates, lot de tout apprenti. Mais il était impatient de brûler les étapes pour égaler dés que possible les maîtres.

Après quelques années, aucune technique du métier ne lui demeura inconnue, ni aucun secret de famille relatif à la composition des émaux. Il se sentait désormais capable de rivaliser avec les "maâlems" : ses recherches personnelles, ses innovations n'ont cessé dés lors d'enrichir le patrimoine, en ramenant au traditionnel le plus pur des formes qui s'en écartaient, en créant des volumes nouveaux, chefs d'oeuvre d'élégance.

Des thèmes décoratifs d'un genre nouveau apparaissent sur ses créations, sans pour autant faire oublier les motifs safiots et fassis qu'il réunit parfois dans d'heureuses combinaisons.

Ce talentueux céramiste se préoccupe également de la qualité de l'émail et de l'originalité des coloris: résultat particulièrement intéressant, le "vieux rose" qu'il a réussi à obtenir est devenu son signe distinctif. Avec cet artiste, la technique s'affine, les formes se font plus recherchées, l'ornementation et la palette s'enrichissent.

Bon nombre de connaisseurs jugent ses innovations révélatrices d'une imagination féconde, d'un extrodrinaire talent et d'une créativité digne de succéder à celle des aïeux.